Recherches sur l’industrie du vélo à Aubervilliers de 1900 à 1950
Louis Jules NINOT :
Il nait à Pantin le 22/09/1882 de Louis Alzire Ninot Ajusteur Mécanicien et de Julie Maillot Couturière.
Le 22 juillet 1911 il se marie toujours à Pantin (il est alors mécanicien) avec Marie Suzanne Maillot (certainement une de ses cousines, à vérifier !) qui est Parfumeuse et est née à Aubervilliers en aout 1890. (Eugène le frère de Louis de 3 ans son cadet est un des témoins et est tourneur sur métaux)
Le 04 septembre 1912 Leur première fille Marguerite Henriette naît à Aubervilliers (ils habitent 73 route de Flandre, l’adresse de l’atelier). Elle décèdera également à Aubervilliers le 10 mai 2001. Il lui existe encore une fille (Michelle Bicard) et deux petits enfants (Valérie & Pierre Wable) mais qui ne vivent plus dans le secteur.
Le 16 février 1921 ils ont une deuxième fille, Jacqueline Berthe, elle aussi est née à Aubervilliers (décédée à Paris XIV le 12 mars 1985)
Son parcours professionnel :
En 1911 il fabrique déjà des vélos au 73 route de Flandre, les vélos sont commercialisés sous la marque « Eldox » et on en trouve un exemple de description détaillé dans l’annonce ci-dessous.

A noter qu’Eldox fera partie en 1911 des souscripteurs pour le 3eme « Paris Brest et retour »
En 1913 il fabrique deux marques de vélos, « Eldox » et « Ilvina », il semble spécialisé dans les cadres soudés à l’Autogène. D’ailleurs il cherche à embaucher un bon limeur !

Cette même année les cycles Ilvina sont exposés sur un stand de la 14°« exposition internationale de l’automobile du cycle et des sport » au grand palais.

Mais c’est à nouveau la marque Eldox qui solde en fin de saison !

A noter que l’atelier est cette fois-ci domicilié au 73+75 rue de Flandre.
1914 Il existe dorénavant plusieurs agents distributeurs de la marque Ilvina, 3 à Paris et 3 en province.

1920 (Aucune info avant) La guerre est finie, c’est maintenant trois marques que Louis Ninot fabrique à Aubervilliers : « Eldox », « Konia » et « Tigra »
1921 Pas de réel changement, mais la rue a changé de nom, l’atelier est donc au 75 Avenue Jean Jaures
1922 Pas de changement
1923 Louis Ninot ne fabrique plus que les marques « Eldox » et « Tigra ». Par ailleurs il est maintenant fabricant vendeur de cycles en gros, cadres brasés et autogènes.


1925 Pas de Changement, si ce n’est la concurrence : un second constructeur de cycle s’installe à Aubervilliers : Maurice Lion. (Illustration ci-contre : Affiche Cycles Tigra internationale 1925)
1926 Pas de Changement, si ce n’est la concurrence : un troisième constructeur de cycle s’installe à Aubervilliers : G. Charlet.
1927, 1928,1929,1930,1931 Aucun changement
1933 Louis Ninot garde le cap, mais grosse nouveauté : la marque Tigra en plus des vélos commercialise maintenant des vélomoteurs.
1934 Pas de changement
1936 Dernières traces trouvées de Louis Ninot. Il fabrique toujours ses deux marques mais l’annuaire pro donne moins de détail sur les types de cadre.
1942 L’atelier (au moins la boutique) a été revendu, ce sont les cycles Lucien Michard qui occuperont l’adresse jusqu’en 1949 puis un certain Busconi ensuite…
Maurice Louis Mathieu Lion :
Il est né en 1891 (département de la Seine). en 1926 il habite 82 Avenue de la République (Adresse de son atelier) et il est marié avec une Emilie née en 1895, mais il se mariera à nouveau en 1930 avec Berthe Clémence Morin (Mariage à Aubervilliers cette fois).
Son parcours professionnel :
1925 Il apparait dans le Bottin de la Vélocipédie en tant que « constructeur et réparation » des cycles « Jean Thomann »
1926 Pas de Changement
1927 Maurice Lion est toujours « constructeur et réparation » mais il ne fabrique plus la marque « Jean Thomann »* (il était certainement simple sous-traitant, voir histoire de la marque en bas de page)
1928, 1929, 1930, 1931, 1933, 1934 Pas de changement
1936 Maurice Lion apparait toujours dans l’annuaire professionnel, mais la mention « constructeur » n’apparait plus. C’est aussi l’année ou il cèdera son atelier à un certain Petitpierre qui restera marchand de cycles au moins jusqu’en 1949 à cette même adresse
* « Jean Thomann » est à l’époque une marque de vélo plutôt reconnue (Un gorille comme symbole), ils ont dès leur création en 1920 des locaux et un siège portant leur nom dans Paris, à partir de 1928 ils s’installent à Montreuil. Leurs ateliers de fabrication de Montreuil ferment en 1932 mais la marque existera jusque dans les années 1970.
Il existe aussi les cycles Alphonse Thomann (inventeur du cadre soudé autogène sans raccord ?) Logo A et T superposés fondés vers 1922 à Puteaux. Initialement Alphonse et Jean avaient créé la marque « A Thomann & Cie » en 1908 avant de la dissoudre et de suivre chacun leur route.

Pour couronner le tout, il existe également les cycles Thomann (Courbevoie puis Nanterre) dont le symbole est 2 éléphants et qui existe depuis 1911 (en réalité le rachat de la société A. Thomann & Cie).
Georges Charlet :
Il nait en 1883 à Bagnolet, en 1926 comme en 1931 il vit seul avec sa mère Ophélie au 25 passage des roses, il est mécanicien et son atelier est situé à la même adresse. En 1936 Sa mère, sa sœur et son beau-frêre son les seuls habitants du 25. Il semblerait qu’il soit décédé en 1938 à Paris et qu’il ait été enterré au cimetière de Saint-Ouen.
Son parcours professionnel :
1926 Il apparait en tant que « Manufacture des cycles Estella » dans le Bottin de la Vélocipédie. Cette dénomination est floue, faisait il juste de l’assemblage ou fabricait-il les cadres ? Je n’ai trouvé aucune trace des cycles Estella malgré plus de 10 ans de fabrication.
1927, 1928, 1929, 1930, 1931, 1933, 1934, 1936 Aucun changement
Lucien Michard :
Né à Epinay sur seine le 17 novembre 1903 (décédé en 1985 à Aiguillon), il fut un grand champion cycliste (10x champion de France de vitesse, 4x champion du monde de vitesse, champion Olympique de vitesse…) la marque qui porte son nom (créée en 1937 par Busconi et Prophète) reprend la boutique du 73-75 Avenue Jean Jaures jusqu’en 1949 pour y vendre et y fabriquer les cycles Lucien Michard. Une allée porte également son nom à Livry Gargan (les vélo L.Michard sont généralement étiquetés : André Busconi Constructeur Aubervilliers).


Busconi (cycles Marius Busconi) :
Dès 1941 les cycles Michard sont fabriqués en zone non occupée (dans l’allier à Saint-Bonnet de Rochefort dans l’usine de M. Prophète). C’est peut-être pour cela que Busconi reprend à son nom l’atelier/boutique du 73-75 Avenue Jean Jaures en 1949 après avoir été au 51 rue Heurtault avant 1942). La société d’histoire d’Aubervilliers parle également dans une de ses publications d’une boutique rue du Moutier. Les Cycles Marius Busconi semblent avoir eu une certaine réputation et Busconi a été également cadreur sur mesure pour des grandes marques (Michard, la Fileuse, Petit-Breton…) les témoignages viennent de collectionneurs mais je n’ai pas de source écrite fiable à 100%. Quoiqu’il en soit les cadres Busconi existent déjà en 1926, année ou un « prix Busconi » est organisé par un club de la Plaine Saint -Denis. M.Busconi est également le directeur Sportif de l’équipe L. Michard dès sa création en 1938 et au moins jusqu’en 1941.
S’il ne fait pas de doute qu’André Busconi (Chelles 1906 -La Ferté sur Jouarre 1984 pour le seul que j’ai trouvé, ce qui n’est pas très cohérent) fait partie de l’aventure (il possède une station-service Solex à cette même adresse en avril 1953), c’est bien Mario Angelo Guiseppe Busconi (Né à Bettola en Italie en 1909 et décédé en 2002 à Aubervilliers) qui est mécanicien (chez Gnome & Rhone à cette époque) et habite le 51 rue Heurtault en 1936 son prénom est aussi bien plus proche de la marque « Marius Busconi »… Mario, Marius et André serait-elle la même personne avec un prénom d’usage francisé ???

Chatet (Vélocipèdes Chatet) :
Henri Chatet est né à Amboise le 27 novembre 1850, il se mariera avec Lucie à Paris XVII° en août 1874, il est alors mécanicien-serrurier. Ils auront Lucien (en réalité joseph Lucien qui restera Albertivillarien) en 1877 (à Catus dans le Lot comme sa maman mais ils sont domiciliés à Paris), Gabriel en 1879 (à Paris XVII) et Juliette en 1887 (à Boulogne). Ils emménageront ensuite entre 1891 et 1896 à Aubervilliers, puis en 1904 à Paris 19° (c’est également l’année du décès de Juliette suite à l’incendie de l’atelier de celluloïd qui l’employait) et pour finir à Aulnay avant 1911. Henri y décèdera en avril 1922.
Son parcours professionnel :
Les Vélocipèdes Chatet apparaissent dans les annuaires professionnels en 1896 et y resteront jusqu’en 1904. Fabrication, réparation, vente, location, échanges… le lieu dispose même d’une piste d’apprentissage du vélo !
Petitpierre (Henri) :
Il est né en suisse en 1889 sa femme Yvonne vient du Jura, il a eu un fils en 1923 (René) en Isère, un autre en 1927 (Jacques) en Saône et Loire puis au moins un troisième (Claude) en 1936 dans le département de la Seine. Il est indiqué sur le recensement de 1936 qu’il est « simple » Marchand de cycle contrairement à M. Lion qui occupait les locaux avant lui en tant que constructeur.
Adolphe Balacéanu :
Né vers 1890, il épouse sa femme Blanche dans Paris en novembre 1911 et bien qu’Albertivillarien il est enterré au cimetière de Pantin en juin 1928. Il était vendeur de cycle et habite au 138 Avenue de la république, il semblerait qu’il ait pris la relève de « Klaveren & Cie ».
Il disparait du bottin professionnel en 1929 puis réapparait en 1931 avec le prénom Alfred ! Mais Adolphe est décédé et il ne semble pas exister d’Alfred Balacéanu (peut-être est-ce Alfred Rausch mécanicien qui habite au 136 qui a repris l’échoppe sans vouloir la renommer ?)… Bref : c’est un mystère ! Par ailleurs en 1933 pour sa dernière année le magasin passe au 134 de la même Avenue, ce qui correspond depuis quelques années déjà à l’adresse de la famille Balacéanu (sa veuve, Janine leur fille née en 1919, Jean leur fils né en 1923 et une nièce).
Wetzel :
Deux frères Suisse, ils y sont nés soit en 1877 pour Jean (décédé en 1941 ou 42) et 1878 pour Théodore (décédé en 1944), soit ce sont des jumeaux de 1878, ils sont indiqués tous deux comme étant mécanicien et c’est Jean qui semble être le patron. Il est probable qu’ils aient été constructeurs ou assembleurs mais il ne reste apparemment pas de trace de leur travail.
Klaveren :
Max né en 1876 à Rotterdam comme sa femme Hélène en 1880. A Aubervilliers sont nés Pauline sa fille en 1907 et Edouard son fils en 1908. Il est indiqué sur le recensement de 1911 qu’il est simple négociant. La société Klaveren&Cie change de statut en 1911 et devient la « fabrique de graisse alimentaire de la Courneuve ».
Duguet :
Achille né en 1882 à Saint-Denis marié à Blanche ils ont un Achille en 1902 à Paris et un Paul en 1909 à Aubervilliers. Il est mécanicien cycles. Il apparait (professionnellement) à deux adresses pendant au moins 15 ans
Kinic :
??? Aucune information trouvée !
Gregori Frères :
Marcel né en 1898 à Pantin (décédé à Paris X en 1982) est indiqué comme étant industriel lors de son divorce avec Raymonde en février 1928. Il s’était marié 6 ans plus tôt à Aubervilliers.
Joseph né en 1892 à Pantin (décédé à Sarlat la Canéda en 1977) il s’est marié avec Marcelle à Aubervilliers en 1913. Les deux frères Grégori semblent avoir épousé deux sœurs Odend’hal !
Les deux sont indiqués comme étant mécaniciens en 1921 (le reste de la famille étant marchand forain) , mais il ne semble rester aucune trace de leurs réalisations.
Quelques chiffres sur la période étudiée (1895-1950):
- En tout 9 marques de cycles ont été officiellement fabriquées à Aubervilliers (hors sous-traitance et vélos artisanaux non siglés), pour 8 d’entre elles, la ville est leur berceau et pour 7 elles n’ont à priori jamais été fabriquées ailleurs ! (La marque Tigra suisse ne semble pas avoir de rapport avec la nôtre)
- Exclusivement (sauf Jean Thomann) à Aubervilliers ont été fabriquées (les durées sont parfois minimisées par manque de source) , la marque « Eldox » pendant 35 ans, « Tigra » 15 à 20 ans, « Busconi » 19 ans,
« Estella » 10 Ans, « Lucien Michard » 10 ans, « Chatet » 9 ans, « Ilvina » 2 ans, « Konia » 2 ans, « Jean Thomann » 2 ans (mais certaines marques ont perduré après 1950 !)
- Le 73-75 Avenue jean Jaurès a abrité fabrique et commerce de cycle pendant plus de 40 ans. Le 82 Avenue de la république un atelier de fabrication/réparation puis un magasin pendant plus d’un quart de siècle. Le 138 Avenue de la République une boutique pendant au moins 26 ans. Le 51 rue Heurtault fabrique et commerce pendant 17 ans. Le 25 passage des roses une manufacture pendant une grosse décennie. Le 71 Avenue de la république un atelier pendant dix ans, le 79 un fabricant pendant 9 ans…
- En 1949 Aubervilliers comptait au moins 13 enseignes spécifiques aux cycles (sans compter les vendeurs de pièces & d’accessoires !)
RESTE A ETUDIER
- la période contemporaine 1950-2020
- les éventuels accessoiristes locaux
- Le palmarès des équipes et coureurs locaux

